Tu as déjà travaillé sur de nombreux chantiers. En quoi un chantier au Burkina Faso se distingue-t-il d’un chantier au Canada ?
Thierry Compaore: Au Canada et en Europe, toutes les machines possibles et imaginables sont disponibles pour un projet de construction. Des camions, des pelleteuses, des bulldozers. Tu ne vois personne manier une pelle ou une pioche pendant les travaux de terrassement. Le béton est livré par camions, prêt à l’emploi. Au Burkina Faso, en revanche, nous mélangeons nous-mêmes notre béton sur le chantier. Autre différence : la disponibilité d’ouvriers du bâtiment formés et expérimentés. Au Burkina Faso, nous collaborons principalement avec des gens de la région qui ont besoin de travailler d’urgence. Certains ont un peu d’expérience, mais pas tous.
Comment se passe la collaboration avec les autorités au Burkina Faso ?
Aussi bien au Canada que dans les pays européens, tu dois peut-être relancer l’administration deux ou trois fois après avoir soumis tes documents pour obtenir les autorisations dont tu as besoin. Au Burkina Faso, en revanche, il te faut des contacts personnels dans les ministères et les administrations. Tu dois passer beaucoup de coups de fil, rencontrer des gens, leur expliquer l’urgence de ta demande et les traiter avec la plus grande amabilité. Sinon, il se peut que tes documents s’égarent complètement.
Quel rôle ont joué les deux coups d’État militaires ?
Lors du premier coup d’État, toutes les personnes occupant les fonctions qui nous intéressaient sont restées à leurs postes respectifs. Comme nous avions de bons contacts avec elles et que notre projet crée de la valeur ajoutée sur place, nous avons obtenu nos papiers sans trop de problèmes. Le deuxième coup d’État, en revanche, a eu un impact direct sur notre étude environnementale et nous avons perdu du temps. Mais dans l’ensemble, le travail avec les autorités s’est déroulé assez facilement.
Que penses-tu des retards qu’il y a eu jusqu’à présent ?
Les retards dus à la bureaucratie sont normaux au Burkina Faso et en Afrique en général. Les retards pendant les travaux de construction, pour leur part, sont un phénomène global. Il peut toujours y avoir des petits problèmes ou obstacles, quel que soit le pays dans lequel se trouve le chantier. Parfois, on n’a pas le choix, il faut avaler la pilule et continuer.